" J'ai vécu un véritable parcours du combattant avant que l'on comprenne la raison de mon incontinence? "
Madame P., 56 ans, infirmière dans un service d'orthopédie, décrit une enfance sous le signe de l'énurésie, une jeunesse marquée par l'alternance d'épisodes d'incontinence essentiellement nocturne sur fond d'immaturité vésicale. Comme si cela ne suffisait pas, s'ajoutent d'autres événements traumatisants : pose de forceps à l'âge de 35 ans lors de son accouchement puis hystérectomie pratiquée à 44 ans. A compter de ce moment, tout bascule.
Les fuites imprévisibles dans l'ascenseur ou en voiture se multiplient et rendent son quotidien très douloureux. Son mari manque singulièrement de tact en l'exhortant à prendre ses précautions en vain, avant de partir. Des situations humiliantes l'obligent à se soulager au milieu des embouteillages dans un ustensile pour ne pas inonder la voiture.
Son parcours de séances infructueuses de rééducation, dans une profonde incompréhension médicale, s'achève par une hospitalisation salvatrice à l'hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière en novembre dernier. Elle se voit enfin posé un dispositif réversible qui met un terme aux fuites. Fini le port des couches et les moqueries. Madame P. revit.
La fin du parcours du combattant - " Mon incontinence aurait pu être résolue 5 ans plus tôt, confie la patiente, si j'avais été directement orientée vers le service d'urologie de la Pitié-Salpêtrière, mais à l'époque, à Chartres, personne ne connaissait l'existence de cette thérapie. Le déclic est venu d'un kinésithérapeute qui, après avoir admis l'inefficacité des séances de rééducation, m'a orientée vers un service d'urologie compétent, sans même savoir que l'on y pratiquait ce type d'implantation. "
" Quatre jours d'hospitalisation et d'examens ont mis un nom sur mon incontinence, poursuit-elle. Il est apparu que j'étais une candidate possible à l'implantation. J'étais résolue à envisager une chirurgie, même délabrante, pourvu qu'on me soulage. Pour la
première fois, dans le service du Pr Richard, j'ai senti que mes plaintes étaient prises au sérieux, que personne n'était tenté d'en rire comme par le passé ".
Lorsque la guérison est synonyme de renaissance - " Quelques jours d'hospitalisation, quelques antalgiques et très peu de réglages pour mettre fin aux fourmillements m'ont permis d'enrayer définitivement ces fuites, explique Madame P. Alors que je ne pouvais plus m'attarder dans la rue pour poursuivre une discussion, je suis aujourd'hui en mesure de me retenir près d'une demi-heure sans fuir. Autrefois, tous mes trajets étaient calqués en fonction de l'existence ou non de toilettes. Je renonçais à sortir. Lorsque j'y étais contrainte, j'emmenais systématiquement des couches, un pantalon de rechange. J'ai retrouvé le sommeil, je peux aujourd'hui dormir au moins 5 heures d'affilée sans être gênée " confit-elle, heureuse.
Tolérance et vécu du neuromodulateur - " Mon seul motif d'inquiétude est lié à ma maigreur, souligne l'infirmière qui a retrouvé le sourire. Il faut dire que je suis un régime draconien à cause de mon cholestérol ! Dans la mesure où l'appareil, situé en haut de la fesse, se trouve à fleur de peau, compte-tenu du manque de masse grasse, j'ai peur qu'il soit endommagé contre certains sièges, à l'occasion de mouvements. Mais porter des lunettes expose aux mêmes risques, le moindre coup peut les abîmer. Cela ne m'empêche cependant pas de faire du stretching et de la gymnastique douce pour m'entretenir. Je n'ai pas modifié mon comportement vis-à-vis de la boisson, je bois autant qu'avant mais sans fuite. Je revis tout simplement. "
Dernière mise à jour : 16 avril 2005
